Les assurances complémentaires
Les assurances complémentaires : mutuelle ou assurance privée? Pourquoi une assurance complémentaire ? Leur création, en France, est antérieure à celle de l’Assurance maladie: c’était alors le seul type de couverture maladie existant. Il s’agissait de verser régulièrement des sommes identiques pour tous (indépendantes du revenu) à un «pot commun» qui prenait en charge les dépenses de ceux qui tombaient malades. Théoriquement, l’arrivée de l’Assurance maladie aurait dû signifier leur disparition mais, devant l’incapacité de la Sécurité sociale à couvrir la totalité des dépenses de maladie, les assurances complémentaires ont perduré. Leur rôle était défini négativement : il fallait rembourser les sommes que la Sécurité sociale ne pouvait régler. Devant la formidable croissance de ces sommes, les assurances complémentaires ont dû, elles aussi, se résigner à faire des choix en se constituant des «paniers de soins» (remboursement partiel ou complet de certains soins, par exemple). Le discours de la Sécurité sociale, qui accompagne chaque nouveau refus de rembourser un acte médical ou un médicament en se déchargeant sur la mutuelle du patient, est donc un retour à la situation de 1945. Les remboursements redeviennent du ressort de chacun, par le biais de l’adhésion à une mutuelle. Cependant, plus les assureurs auront d’actes à prendre en charge, plus leurs cotisations augmenteront, et plus nombreux seront ceux qui ne pourront y adhérer faute de moyens. Il y a donc un double «panier de soins»: celui déterminant ce que l’assurance maladie de base prend en charge et celui déterminant les remboursements des assurances complémentaires. Dès lors, deux évolutions se dessinent:
1. la multiplication des assurances complémentaires offrant chacune des tarifs et des prestations différentes, entre lesquelles opérer un choix deviendra difficile et complexe;
2. un partage clair entre ce que financera l’Assurance maladie, ce que financeront les assurances complémentaires, et ce qui restera à la charge de chacun. Si l’on opte pour la seconde possibilité, le plus difficile est de déterminer ce que l’Assurance maladie devra prendre en charge, c’est-à-dire ce qu’il paraît fondamental et indispensable d’assurer à toute la population. Il ne s’agit pas là de se baser sur des critères économiques mais bien de raisonner en termes d’utilité médicale et sociale.
Source : Docteur Arié, Élie. Système de santé mode d'emploi.